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C'est pas mon idée !

vendredi 8 septembre 2017

Pourquoi le Royaume-Uni attire les néo-banques

Tandem Bank
Alors que, en France, nous commençons à prendre l'habitude de voir les banques traditionnelles acquérir les nouveaux entrants (tels que Compte Nickel par BNP Paribas), le Royaume-Uni vivait il y a quelques semaines, à l'inverse, le rachat de Harrods Bank par Tandem. Pourquoi la situation est-elle si différente entre les deux rives de la Manche ?

Même si la filiale financière du grand magasin londonien n'est pas tout à fait un établissement historique (et qu'elle n'affiche pas des résultats très brillants), sa reprise par une startup est tout à fait représentative d'une réalité indiscutable : Londres est devenu en quelques années le paradis mondial des néo-banques. Il serait illusoire de chercher une seule raison à cet état de fait. La vérité est qu'un ensemble de facteurs concourent à cette situation et exposent, a contrario, les faiblesses d'autres pays en la matière.

Pour certains observateurs, l'état particulièrement déplorable des grandes banques anglaises serait à l'origine de l'intérêt marqué des consommateurs pour de nouvelles solutions et stimulerait la création d'alternatives. Pourtant, à observer sans relâche l'innovation dans le monde entier, et sans nier les difficultés que rencontrent quelques-unes d'entre elles, il me semble que les besoins des clients sont aussi bien (ou aussi mal, selon le point de vue qu'on choisit) servis que dans le reste de l'Europe.

En revanche, il est impossible d'écarter l'effet de la dernière crise financière et les stigmates qu'elle à laissés chez les britanniques, subsistant 10 ans après, ne serait-ce que parce que le gouvernement y détient toujours une partie des institutions qui ont du faire l'objet d'un sauvetage coûteux. La défiance y est donc plus tenace et peut expliquer un rejet durable, favorable aux néo-banques. À l'inverse, chez nous, les renflouements publics ont eu des conséquences moins dramatiques, presque oubliées aujourd'hui.

Harrods Bank

Naturellement, le gouvernement de Sa Majesté a un impact majeur sur le développement d'un écosystème FinTech florissant grâce à une politique réglementaire extrêmement active et volontariste. La mise en place successive d'un guichet unique, d'un mode de « bac à sable »…, d'un côté, et les actions de promotion de la concurrence, de l'autre, par exemple avec la stimulation de l'ouverture des données, ne sont qu'une partie des mesures qui contribuent à instaurer un environnement incomparablement propice.

La présence d'investisseurs est un autre élément essentiel du succès de la place de Londres, comme le démontre, entre autres, la capacité fournie à Tandem de prendre le contrôle de 80 millions de livres de capital (issues de l'opération sur Harrods Bank). Et ils sont attirés par les autres conditions réunies en ce lieu unique, dont un accès facile au reste de l'Europe (en attendant la finalisation du Brexit), dont quelques jeunes pousses (Revolut, Starling…) commencent à profiter pour initier leur expansion.

Dernier (?) moteur d'attractivité, la culture des entrepreneurs qui se lancent au Royaume-Uni semble beaucoup plus orientée vers la création des futurs leaders de la finance et non vers la collaboration avec les acteurs en place (jusqu'à l'absorption), qui tend à constituer le modèle idéal pour tellement de monde en France. Cet écart rejaillit également sur l'investissement : la possibilité d'une sortie (plus ou moins) rapide peut séduire mais elle ne vaut pas la perspective de participer à la naissance d'une licorne.

Bien sûr, la multiplication excessive des néo-banques britanniques ces dernières années conduira obligatoirement à des chutes retentissantes, à moyen terme. Mais celles qui resteront deviendront des concurrentes de premier ordre dans le paysage européen, finissant par menacer sérieusement l'establishment irrémédiablement convaincu que la FinTech ne peut survivre que sous la forme de partenaire des dinosaures…

2 commentaires:

  1. Le paradoxe est que tous les établissements financiers qui se créent en Grande Bretagne ont perdu le "passeport Européen" suite au brexit, ce qui à priori ne renforce pas leur chance de réussite !

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    1. Rien n'a changé à ce jour et rien n'est décidé pour l'avenir…

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